Les Souvenirs de Nowa Huta

Publié le 16 juin 2025 à 20:54

Jan Kowalski est né en 1952 à Nowa Huta, un quartier ouvrier de Cracovie, en Pologne. Son père était métallurgiste, sa mère couturière. Dans la Pologne communiste des années 60 et 70, les opportunités étaient rares, mais l’espoir restait vivant chez les jeunes comme Jan. À 24 ans, las des pénuries, des files d’attente pour le pain, et d’un avenir verrouillé par le Parti, il décide de quitter son pays.

En 1976, il arrive en France, avec une valise en carton, un dictionnaire polonais-français, et l’adresse d’un cousin éloigné installé à Lille. Il trouve rapidement du travail dans une usine textile du Nord, où la main-d'œuvre polonaise est déjà bien implantée. Il ne parle pas français, mais apprend vite, à force de côtoyer ses collègues, de regarder "Antenne 2" le soir, et de lire "France Soir" avec un dictionnaire à portée de main.

Les premières années sont dures : logement précaire, travail pénible, solitude. Mais Jan s'accroche. Il découvre la solidarité entre ouvriers immigrés, l'entraide entre familles polonaises, les messes en polonais à l'église Saint-Étienne, les fêtes de Pâques où l’on partageait le bigos et les œufs bénis.

En 1981, l’état de guerre est déclaré en Pologne. Beaucoup de ses compatriotes arrivent en France, fuyant la répression. Jan devient un point d’ancrage pour eux. Il aide à traduire, à remplir les papiers administratifs, à comprendre les règles françaises. Il devient une figure respectée de la communauté polonaise locale.

Il épouse en 1984 une Française, Marie, infirmière. Ils auront deux enfants : Adam et Sophie. Chez eux, on parle les deux langues. Jan transmet son amour de Chopin, de la vodka Zubrówka, et de l’histoire de la Pologne. Mais il apprend aussi à aimer la baguette chaude, les pique-niques au parc, et les débats animés autour d’un café noir.

À la retraite, Jan ne retourne pas vivre en Pologne. Il y va chaque été, revoir les montagnes des Tatras et les ruines de son enfance, mais c’est en France qu’il a construit sa vie, son avenir. Il dit souvent :
« J’ai quitté ma patrie, mais elle ne m’a jamais quitté. Et la France m’a adopté, sans jamais me demander d’oublier qui j’étais. »

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